Priscilla
Sofia Coppola, Italie, USA, 2023o
Priscilla Beaulieu a 14 ans quand en 1959 elle fait la connaissance d’Elvis Presley lors d’une soirée. Comme son beau-père, c’est un soldat américain basé en Allemagne. À 17 ans, elle le rejoint à Graceland, sa propriété à Memphis. Tandis qu’Elvis est en tournée ou en tournage, Priscilla s’essaie au rôle d’épouse parfaite et de mère aimante. Peu à peu, Priscilla s’émancipe de son célèbre mari.
Des jeunes femmes souffrantes, infantilisées, loin d’être stupides, mais qui ne se rebellent que timidement : voilà la matière narrative de Sofia Coppola. Se basant sur l'autobiographie Elvis and Me de Priscilla Presley, Coppola raconte la relation du célèbre couple du seul point de vue féminin, avec pour point de départ leur première rencontre, alors que Priscilla n'avait que 14 ans. La plupart du temps, nous voyons comment l'héroïne (Cailee Spaeny) se retrouve seule, confrontée à elle-même dans la cage dorée de Graceland. Et lorsque Elvis (Jacob Elordi) daigne se montrer, la solitude n'est que superficiellement oubliée. Car malgré les déclarations d'amour enflammées et les brefs moments de bonheur, le roi du rock'n'roll apparaît comme un égocentrique immature sur le plan émotionnel, qui plus est volage et accro aux pilules. De manière visuellement envoûtante, Coppola met en scène une histoire qui – aussi étrange que cela puisse paraître – est précisément passionnante parce qu'elle était (authentiquement) ennuyeuse : prisonnière des rôles de genre de l'époque, enfermée dans une situation de dépendance économique et émotionnelle, Priscilla n'avait presque pas d'autre choix que de se plier à l'immobilisme que lui imposait sa fonction d'accessoire de la star. La seule issue était le divorce, obtenu en 1973, sur lequel se termine le film.
Till Brockmann