Relay

F Watchlist

Le réalisateur britannique David Mackenzie nous avait marqués avec son film de braquage Hell or High Water, particulièrement captivant. Son nouveau thriller repose sur deux idées notoirement intéressantes. La première est un service de messagerie appelé Relay; sa particularité: permettre à ses utilisateur·ices de communiquer de manière anonyme – et ce même à l’ère de la surveillance numérique généralisée – en effaçant constamment toute trace. La seconde source de fascination tient à la coexistence entre des lanceur·ses d’alerte héroïques, prêt·es à sacrifier leur carrière et leur réputation pour faire éclater la vérité, et d’autres qui, pris·es de peur, monnayent leur silence. La médiation entre les entreprises ayant quelque secret à cacher, et les lanceur·ses d’alerte désireux·ses de se rétracter est assurée par le héros solitaire de Relay, au moyen du service de messagerie éponyme et de quelques autres gadgets high-tech d’une élégance rare. L’une de ses clientes est déjà la deuxième à céder face au même groupe chimique américain: elle est prête à échanger contre sa tranquillité retrouvée et quelque somme d'argent des documents compromettants qui concernent un produit cancérigène commercialisé par l’entreprise. Le héros conclut l’affaire avec une froideur toute professionnelle, mais sous l’effet d’élans hormonaux et d’une série de gaffes les deux complices se transforment en proies traquées. Jusque-là, le film nous tient en haleine, notamment parce que Riz Ahmed et Lily James, dans les rôles principaux, nient le prix de leurs actes – à savoir la solitude et la trahison de leurs idéaux – avec un pragmatisme radical (lui) et une désinvolture effrontée (elle). Dans son dernier quart, sa retenue digne d’un authentique film noir cède malheureusement la place à des séquences d’action mises en scène de manière moins subtile et à un rebondissement de trop. Mais cela n’enlève rien à l’intérêt du film: Relay a du suspense et de la coolitude à revendre.